L'engagement social : un bénéfice pour l'entreprise et la société

Jacky Lintignat, Président de la Fondation NEOMA, a été à la rencontre de Dominique Seau (PGE 88), Président du Directoire d'EMINENCE. Il nous livre son point de vue de dirigeant, d'Alumni et de citoyen.

Dominique Seau débute sa carrière chez L’Oréal comme Chef de produit, il y sera nommé General Manager pour le Danemark et la Russie. Il devient ensuite Directeur Marketing chez Danone, puis est nommé Directeur Général Ventes et Marketing chez Triumph. Depuis 11 ans, il est Président du Groupe Eminence.

 

Quelle est selon vous la responsabilité sociale/sociétale des Grandes Écoles aujourd’hui ?

Une Grande École a la même responsabilité qu’une entreprise moderne aujourd’hui sur deux axes : une responsabilité économique (un budget à gérer, recruter les meilleurs professeurs pour dispenser la meilleure éducation possible) et en même temps une responsabilité sociétale à assumer.

Je pense que très peu d’Écoles ont travaillé cet aspect depuis 20 ans. Le système des Grandes Écoles françaises est quand même un système à reproduire les élites. Il est plus difficile de réussir les concours d’entrée quand vous avez des parents qui n’ont jamais pu vous envoyer à l’étranger pour perfectionner vos langues, par exemple. Et il y a bien sûr les contraintes économiques. J’ai eu en entretien une jeune fille qui avait trois heures de transport par jour entre son quartier et sa prépa, et qui en plus le week-end travaillait 15 heures chez Mac Donald’s pour arriver à vivre…

Il est évident que ces élèves-là ne partent pas avec les mêmes chances que mes enfants.

On peut s’engager à la fois en argent et en temps. Et je pense que c’est même nécessaire quand vous être chef d’entreprise ou cadre dirigeant, et que vous n’avez pas forcément des enfants qui ont 20-25 ans, d’aller au contact des jeunes, de comprendre comment ils réfléchissent. Cela vous permet de progresser dans votre propre perception de la société et ainsi garder le contact pour bien faire son boulot.

 

Pourquoi vous semble-t-il important que les anciens élèves participent au développement de leur École ?

Je pense que plus on avance dans le temps, plus on réalise qu’on a eu la chance de croiser sur nos routes des gens qui nous ont transmis du savoir-faire et du savoir-être.

A partir du moment où l’on est privilégié, intellectuellement, financièrement, on se doit de redonner une partie de ce que l’on a reçu. Finalement, je pense que c’est difficile d’être heureux dans une société où tout le monde est malheureux. Donc, si on peut transmettre à des jeunes qui sont peut-être moins bien nés que nous, mais qui ont du talent, cela a du sens. Et en même temps, c’est une forme de solidarité qui permet peut-être d’éviter des déchirures sociales.

Nous sommes également des chefs d’entreprise. Prenons un point de vue purement et égoïstement économique : nous avons un marché des cadres en tension. Avec un taux de chômage des cadres de moins de 4%, les jeunes cadres bien formés choisissent eux-mêmes où ils veulent aller. Nous avons besoin d’avoir les meilleurs cadres possibles pour que nos entreprises soient fortes, pour que notre pays soit fort. Alors pourquoi laisser dans les quartiers ou les campagnes des gens qui ont potentiellement du talent, le niveau pour faire une Grande École, mais pas l’argent pour le faire ?

C’est un gaspillage anti-économique, en plus d’être inacceptable d’un point de vue citoyen.

Même si moi je ne peux pas changer le monde, j’aime bien la phrase de Gandhi : « Deviens le changement que tu veux voir dans le monde ». Je pense que ce que fait la Fondation NEOMA permet à des tas de gens comme moi de faire des petites choses concrètes qui, mises bout à bout, peuvent avoir un impact.

 

Quelle est votre expérience personnelle de l’ouverture sociale ?

Je suis le fruit de cet escalier social - je préfère « escalier » à « ascenseur », car cela nécessite tout de même un effort à fournir. Mes grands-parents étaient extrêmement pauvres. Mon père a probablement été le seul de son village en Corrèze à avoir le bac, qu’il a passé en gardant les vaches. Ses parents se sont saignés aux quatre veines pour qu’il puisse faire l’École de la Marine Marchande et devenir Ingénieur-mécanicien. C’est donc un sujet qui me touche de par cette histoire personnelle.

De plus, quand j’étais en classe prépa, j’ai perdu mon père. Et je n’aurais pas pu continuer mes études à NEOMA BS sans une rente d’éducation de son entreprise. Je me sens quelque part redevable.

Aujourd’hui, il y a des jeunes qui vivent ce que j’ai vécu, et j’ai maintenant la possibilité de les aider. Parce que l’École aussi m’a donné les outils, les contacts, le réseau, pour faire la carrière que j’ai pu faire. Il y a une sorte de donner-recevoir, une sorte de souffle, de respiration.

A présent, je suis engagé en tant que chef d’entreprise auprès de l’Advisory Board de Montpellier Business School, je parraine également des élèves de mon ancien lycée et je suis donateur à la Fondation NEOMA ; parce qu’être boursier d’excellence, c’est avoir rencontré des gens qui vous ont dit : « C’est possible, on a confiance en toi ».

 

193 bourses d’excellences et prêts pour un total de 495196 € en 2017
405 jeunes accompagnés et 157 tuteurs mobilisés sur les Cordées de la réussite en 2017/2018
140 Près de 140 jeunes accompagnés par Tremplin pour Réussir
77 +77% d’apprentis en 4 ans
26 +26% d’étudiants aidés en 4 ans
700 Avec près de 700 places dans le Programme Grande École, NEOMA Business School est l’une des toutes premières écoles pour l’apprentissage.